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En résidence avec Mojurzikong

Rencontre & reportage sur une saison de résidence à l'Antipode

En résidence Musique Photographie Publié le 09/06/2023

Avec ses nouveaux espaces adaptés à la création et la répétition, l'Antipode s’affirme comme un outil au service des projets artistiques dans son territoire local, régional et national. Dans l'Atelier de Création, les Studios, Le Club ou La Grande Scène, l'Antipode est aux côtés de musiciens et de musiciennes pour échanger et accompagner les processus de création, de recherches et de répétitions de ces temps de travail dédiés au cours de la saison.

Accompagnés sur un temps long pour la création de leur spectacle, Émeric Guémas et Jérôme Lorichon étaient présents au fil de cette saison 2022-2023 pour quatre temps de résidence. C'est dans ce cadre que les artistes se sont installés dans l'Atelier de Création pour créer leur spectacle visuel et musical, Mojurzikong, puis mener des ateliers artistiques avec les enfants de l'accueil loisirs. Entre les répétitions et les ateliers, nous avons rencontrés Émeric et Jérôme. Un article réalisé par l'équipe de l'Antipode illustré par les photos de Gwendal le Flem.


« Nous avions besoin de beaucoup de temps pour ce projet. Dans son fonctionnement le spectacle se rapproche plus de la forme théâtre que de la forme musique, c’est souvent des résidences sur des temps plus longs.​ »
Jérôme Lorichon, musicien et co-auteur de Mojurzikong.

Mojurzikong, un duo accompagné sur la saison pour un théâtre musical et concert d'ombres.


« En raison d’une grave avarie, le navire interstellaire d’une grande expédition se trouve contraint de faire escale dans une galaxie inconnue. L’équipe du vaisseau affrète un astronef et part explorer la planète Paterre. C’est un parcours dangereux où l’attendent quelques monstres. » Tel est le pitch de Mojurzikong, spectacle tout public créé de toutes pièces par les artistes !

Grâce à leur technicité maîtrisée qui les amène à construire un film sous nos yeux, l’illustrateur Émeric Guémas et le musicien Jérôme Lorichon nous projettent dans un monde d’ombres où les monstres rugissent en musique. À l'aide des projections d'Émeric et de la musique live de Jérôme, le duo emmène les spectateur·ices aux confins d’une lointaine galaxie et fait référence aux films de science-fiction ou d’aventures interstellaires. 

Alors que le spectacle est finalisé et que les premières dates sont annoncées, nous avons rencontré les artistes lors de leurs dernières heures de création à l'Antipode (mai 2023). Retour sur le parcours de création des artistes à l'Antipode tout au long de la saison, entre les recherches, les ateliers avec les enfants, les répétitions et les premières représentations !


Rencontre & interview

Bonjour Émeric et Jérôme, pouvez-vous vous présenter ?

- Jérôme Lorichon, musicien, je fais la musique, le son et les bruitages.
- Émeric Guémas, graphiste dans la vie, je fais la création et l’animation visuelle du spectacle.
Ensemble nous avons créé Mojurzikong, un spectacle à la fois théâtre musical et concert d'ombres.

Pouvez-vous revenir sur l'origine du projet et cette grande saison de création ?

E  : Nous nous connaissons depuis très longtemps avec Jérôme. Le fait que lui fasse de la musique et moi des images, par affinité et par plaisir nous avons toujours souhaité travailler ensemble. Il y a trois ans nous avons commencé par des petites collaborations sur des films d’animation, cela a confirmé l’envie et a amorcé le projet que nous avions en tête.

J : Au départ, nous avions une envie commune de travailler autour des robots et d’un univers rétro-futuriste. Il s’avère qu’au même moment je menais un projet de bande-son autour des dinosaures. On a eu directement l’envie d’intégrer les dinosaures à cet univers.

E : À ce moment-là, j’ai trouvé deux anciens rétroprojecteurs, cela a propulsé l’idée de s’amuser avec ce matériel pour développer nos idées. En parallèle nous avons commencé à monter un dossier pour répondre à un appel à candidature pour des résidences, notamment au Point Éphémère à Paris. Avec l’écriture, cela a concrétisé nos intentions, même si c’était encore très abstrait nous avons été retenus. C’est sur ce dossier que nous avons trouvé le nom de Mojurzikong, qui réunit les influences souhaitées du spectacle : Mo (Moby Dick) – Jur (Jurassic Park) – Zi (Godzilla) – Kong (King Kong).

J : C’est avec l’objectif de cette résidence que sont venues les premières sessions de travail dans le garage d’Émeric, les premiers tests et les premières réflexions. Cela partait sur le théâtre d’objet initialement.
 

 

E  : Je suis graphiste de métier donc c’est ma première expérience de création de spectacle et avant les premières représentations, je n’avais jamais joué devant des publics. Cela a été un enjeu dès le départ, mais je me suis rassuré en jouant rapidement devant des personnes, nous avons donc continué sur cette idée de théâtre sonore et visuel joué en direct.

J : À l’issue des premières résidences nous avions déjà des personnages, un écran, des décors créés, des musiques, des images mais nous manquions d’un scénario solide. Nous avons donc orienté l’écriture vers une narration familiale pour que ce soit grand public, qui convient aux petits mais avec des références aussi pour les adultes.

E  : Nous avons sollicités l’Antipode, notamment Gaétan (programmateur) et Jacques (chargé du développement artistique) à ce moment-là. Également les autres co-producteurs : Le Sirque - Pôle National Cirque à Nexon, La vie brève - Théâtre de l’Aquarium à Paris ; le 9-9bis à Oignies. Par chance, tout s’est enchaîné sur l’accompagnement de Mojurzikong.

: L'Antipode a monté les dossiers de résidence et nous a permis d’avoir quatre semaines à répartir sur une saison. Entre-temps nous avions des étapes de création donc cela nous a permis d’avoir toujours des sessions de travail à chaque instant de présentation afin de poursuivre le travail, ajuster ce qui ne fonctionnait pas, peaufiner ce qui fonctionnait.

 

« L’enjeu de notre spectacle ce n’est pas le scénario en tant que tel, c’est de fabriquer une histoire avec le public. Partager cette tension car c’est sur le fil quand nous le jouons. »
Émeric Guémas, graphiste et co-auteur de Mojurzikong.

 

E : L’enjeu de notre spectacle ce n’est pas le scénario en tant que tel, c’est de fabriquer une histoire avec le public. Partager cette tension car c’est toujours sur le fil quand nous le jouons. Le scénario est un prétexte pour faire des images, faire de la musique et proposer un univers que nous affectionnons.

C’est cette idée aussi que nous proposons aux enfants quand nous menons des ateliers avec eux : laisser libre cours à leur imagination. L’avantage avec les petits c’est que les possibles sont décuplés, tout est permis et en cela c’est génial.

J : Pour les résidences à l’Antipode nous avons fait appel à un regard extérieur, Olivier Ranou de la compagnie Bakélite. Olivier nous a aidé à remettre à plat des parties du spectacle, les déconstruire pour les alléger au final. Cela nous a permis de garder l’essentiel.

E  : Maintenant pour cette dernière semaine de résidence nous sommes dans le rodage de la forme aboutie. Nous sommes dans l’écriture de nos partitions respectives. C’est un spectacle très orchestral, nous avons besoin de répéter le plus possible nos gestes. C’est vraiment un projet live, un spectacle vivant par définition : ce n’est pas une bande son, on peut rater des choses, il y a cette tension du direct.
 

« Les enfants ont adoré mettre des sons sur des images car d’un coup les deux prennent vie et cet instant est magique.​ »
Jérôme Lorichon, musicien et co-auteur de Mojurzikong.

 

C’est votre quatrième et dernière période de résidence à l’Antipode, le spectacle est quasi-terminé, quelles sont les prochaines étapes ?


E  : Nous souhaitons peaufiner certaines parties, nous assumons le fait que c'est un spectacle en évolution permanente, il y a toujours des idées que nous nous permettons d’ajouter ou d’enlever.

J : Nous aimerions tourner avec le spectacle dès la saison prochaine, pour ça nous devons encore démarcher les lieux et collaborer avec un tourneur. Nous avons déjà quelques dates de prévues pour les mois à venir.

E  : Le spectacle est très bien reçu lors des premières présentations, autant par les adultes que les petits sur les scolaires ou les représentations tout public. Cela nous encourage beaucoup pour le présenter au plus grand nombre.

 

« C’est vraiment un projet live, un spectacle vivant par définition : ce n’est pas une bande son, on peut rater des choses, il y a cette tension du direct.​​ »
Émeric Guémas, graphiste et co-auteur de Mojurzikong.

 

Qu’est ce que l’Antipode vous a apporté sur cette grande période de résidence sur un temps long ?

E  : Le confort de travail déjà. De retrouver Jean-Guillaume Teheux (régisseur attaché au développement) sur chaque période de résidence qui prépare en avance notre semaine, sans avoir besoin d’échanger au préalable. La logistique est facilitée, l’outil est génial, l’Atelier de Création est super.

J : Nous avions besoin de beaucoup de temps pour ce projet. Dans son fonctionnement le spectacle se rapproche plus de la forme théâtre que de la forme musique, c’est souvent des résidences sur des temps plus longs et c’est super que l’Antipode s’adapte à ces projets pour offrir le temps nécessaire de travail.

E  : Aussi nous avons eu la chance d’avoir des regards sur un an de parcours de création. On a pu être dans les échanges avec l’équipe de l’Antipode sur les évolutions à chaque période avec un temps de maturation à chaque fois, ce qui est très précieux. C’est l’occasion de vous remercier !

Découvrez Mojurzikong en spectacle au Théâtre de l’Aquarium à Paris (du 21 au 25 juin) et au festival Les Salles Mômes dans le Morbihan en novembre.

 

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